Se brasser le Jenga en suivant le chemin de l’inukshuk
Vu que je suis de l’école de pensée qui dit que mes bottines doivent suivre mes babines, j’ai dû me faire à l’idée que j’étais pour exposer ma réflexion et me mettre à nu devant mes pairs puisqu’on ne peut jamais demander aux autres ce que nous ne sommes pas prêts à faire. Je prends donc mon courage à deux mains et je me place devant vous avec mon Jenga branlant afin de partager avec vous le processus d’apprentissage que j’ai vécu depuis les 5 dernières années. Plutôt que de me tremper les orteils et de tenter de m’habituer à la température de cette piscine pédagogique, je plonge. C’est dans ma nature! Quand je parle, quand je rêve, je le fais en images et le portrait qui se dresse devant moi est composé de deux éléments essentiels: un JENGA et un INUKSHUK. Le Jenga Un Jenga, c’est un jeu de société composé de blocs. Son nom signifie construire et, pour moi, ce fameux jeu a toujours été synonyme de la construction identitaire d’une personne (merci Lise Paiement et la pédagogie culturelle). Un Jenga, c’est une tour composée de blocs, tous aussi importants les uns que les autres, mais qui peut être devenir instable, qui peut être redressée, qui peut s’effondrer. Cependant, il est toujours composé du même nombre de blocs qui n’ont qu’à être replacés pour redevenir la tour. Quand je réfléchis aux blocs qui composent cette tour identitaire, j’imagine les différentes composantes de la personne: les événements marquants, les valeurs ancrées, les êtres chers et l’environnement dans lequel elle vit son quotidien. Les blocs sont là, toujours là, mais ils sont parfois plus importants et parfois, ignorés. Ils se placent et se déplacent, mais une chose demeure certaine, les blocs au bas de la tour sont ceux qui ancrent le tout ; ce sont les valeurs enracinées et omniprésentes. L’inukshuk Un inukshuk, c’est un assemblage de pierres qui indique un chemin, une direction. Il sert à orienter et à guider. Il est, lui aussi, composé de plusieurs éléments, mais il est complet, solide et ferme. Quand je réfléchis à l’Inukshuk, je ne peux m’empêcher de voir le cycle d’apprentissage et de l’évaluation. C’est peut-être une déformation professionnelle, mais cette image me rappelle qu’un processus est composé de parties qui sont toutes aussi importantes l’une que l’autre et que c’est en vivant complètement ce processus que la personne comprend réellement ce qu’elle apprend, ce qu’elle a accompli. Les pierres sont placées dans un ordre important, mais vu que l’inukshuk n’est pas symétrique, ni assemblé avec du mortier, il est possible de vivre le cycle selon plusieurs trajets. Une chose demeure, cependant, et c’est que l’Inukshuk se repose sur deux éléments essentiels qui dirigent tout le processus. Une vision et une mission Depuis plusieurs années, notre équipe pédagogique chemine afin de définir nos incontournables, nos éléments essentiels, nos valeurs communes et incontestables. Se doter d’une vision et d’une mission a été d’une importance primordiale. Nous nous sommes entendus: l’élève doit être au cœur de toutes nos décisions. Nous lui devons des occasions d’apprentissage uniques, nous lui devons d’être son partenaire de choix et de lui créer des tâches engageantes, authentiques pour qu’il puisse être dans un lieu vivant, axé sur le monde qui l’entoure et non les 4 murs de son école. Nos pierres et nos blocs se définissent! Faire et défaire Notre cible était claire: une école partenaire, unique et vivante. Le chemin que nous devions tracer pour l’atteindre l’était beaucoup moins. Les blocs se plaçaient et se déplaçaient. Nous mettions des conditions en place que nous croyions viables et importantes pour comprendre finalement que ce n’était pas le cas. Le Jenga se déstabilisait, s’effondrait, mais les valeurs étaient toujours bel et bien ancrées. Les pierres de l’Inukshuk ne se plaçaient pas en équilibre aussi rapidement que nous le voulions, mais nous les accumulions afin de déterminer comment les assembler pour que notre trajet se définisse. Face à l’erreur et à l’échec, nous ne pouvions baisser les bras et abandonner. Nous travaillions pour l’élève et il méritait que nous fassions preuve de résilience, de persévérance et de rigueur, que nous créions des conditions où nous pourrions établir des relations saines et que nous tracions les liens et le rapport entre l’école et le monde. Nous avons choisi de réfléchir ensemble ; de lire des recherches ensemble, de se mettre au défi ensemble… de se brasser le Jenga collectif! Et peu à peu, la tour se redressait et se solidifiait. Les pierres de l’Inukshukse définissaient et son assemblage se poursuivait. Des programmations uniques! Des tâches intégrées! Une école qui crée un climat sain et familial où la pédagogie transpire ! Des choix réfléchis ! Des échecs ! Des réussites ! Une culture d’apprentissage qui se fait sentir Du développement professionnel! Des formations parfois superbes parfois affreuses ! Un questionnement! Des preneurs de risque ! Des portes qui s’ouvrent! Des gens qui adhèrent! Des gens qui contestent! Nous étions en plein changement et nous devions choisir: foncer? Ou abandonner? Tous ces blocs Jenga jouaient sur notre engagement. Vaut-il la peine de poursuivre? De se redéfinir? De faire autrement? Devons-nous prendre un recul? Faire un pas vers l’arrière? Attendre que quelqu’un d’autre trace le chemin? Impossible pour nous de lâcher prise… nous touchons l’avenir tous les jours et nous nous sommes dotés d’une mission. Notre Jenga est toujours en mouvement. Parfois solide et inébranlable ; parfois fragile et déséquilibré ; parfois en croissance, parfois en reconstruction complète! Notre Inukshuk est assemblé. Les parties sont définies, le processus est clair. Mais le chemin que chacun prendra pour atteindre sa destination reste à se dessiner. Une chose est certaine: nous voulons continuer à mettre en place les pièces importantes pour que TOUS nos élèves puissent comprendre les éléments de leur Jenga individuel et qu’ils puissent déterminer l’endroit que leur Inukshuk leur indique. Et vous? Comment définissez-vous votre Jenga individuel ou collectif? La destination de votre processus d’apprentissage est-il bien indiqué par votre Inukshuk?
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Brassons notre Jenga pédagogique
L’inukshuk est un repère sur la route, tel le phare qui ramène le marin aux berges dans la tempête. Pour notre équipe pédagogique, composée d’enseignants et de la direction de l’École secondaire catholique Le Relais (CSDCEO), l’inukshuk est devenu le symbole des pratiques qui ancrent le pédagogue. Notre inukshuk pédagogique Il y a plus de 5 ans, nous avons entrepris la tâche de construire notre propre inukshuk, de définir la pédagogie qui allait nous rallier comme école, comme équipe. Telle la tour de Jenga qui se construit un bloc à la fois, nous avons bâti notre vision commune, une réflexion à la fois. Dans notre équipe, la métaphore du Jenga est un référent habituel. Vous connaissez sûrement ce jeu qui consiste à utiliser les plaquettes de bois pour construire et construire une tour, puis de la déstabiliser en retirant des blocs pour les replacer plus haut. Vous voyez le lien avec votre quotidien en éducation ? Quand on fait le choix d’innover en pédagogie, de poser un regard critique sur ses pratiques, de se concentrer sur l’élève, c’est à ce moment qu’on brasse le Jenga… c’est aussi à ce moment que la magie se passe ! La case Départ Au départ, il faut savoir qui on est afin de pouvoir décider où l’on veut aller. Qui sommes-nous en tant qu’équipe ? Qu’est-ce qui nous tient à cœur ? Qui est l’élève ? Où est-ce que nos élèves vibrent et vivent le plus de succès ? Est-ce que nos salles de classe répondent à nos besoins ? Quelle place occupe l’élève dans l’école ? On ne répond pas à ce genre de question lors d’une petite jasette au photocopieur. C’est le type de conversation qu’il faut prioriser et valoriser. Il ne faut pas s’imaginer que ces réponses nous sont venues facilement. Des bras croisés, de la résistance, des frustrations… nous en avons vécu. De ces moments difficiles sont ressortis le point d’ancrage de notre équipe, notre Mission, notre Vision et nos Valeurs d’école. Nous avons établi une pédagogie commune centrée sur des objectifs communs. C’est le début d’une culture d’école, d’une culture d’apprenants, la case Départ. Nous avons établi notre Jenga. C’est alors que l’inukshuk a pris tout son sens : celui de l’élève au centre de son apprentissage. Du cœur au ventre Avec des objectifs clairs et tous les blocs à notre disposition, il fallait cibler notre prochaine étape. Comment mettre en place une culture d’apprentissage où l’élève, engagé dans son processus d’apprentissage, est au centre du tout, et où l’enseignant est partenaire dans ce processus ? Il fallait risquer pour innover, oser déplacer les blocs de notre Jenga ; il faut avoir du cœur au ventre. Durant cette mise en œuvre, notre Jenga s’est écroulé à certains moments. Nous avons connu des échecs. Certains plus importants que d’autres, certains individuels, d’autres, d’équipe. Tout comme les échecs font partie du processus d’apprentissage de nos élèves, ils ont été des moments importants dans le nôtre. Ces échecs nous ont permis de nous remettre en question et de nous ajuster. Pourquoi ça n’a pas fonctionné ? Est-ce que c’est important ? Par ces questionnements, il a fallu revenir à nos objectifs de base afin de nous ajuster, modifier une pratique qui ne fonctionne pas, ou bien encore être prêts à l’éliminer si elle ne répond pas à nos objectifs. Une culture d’apprenants a pris place au sein de notre école. Des tâches authentiques, l’intégration de matières, la valorisation du processus d’apprentissage — toutes ces initiatives visent à placer l’élève au centre de son apprentissage. La période quotidienne d’autorégulation permet aux élèves de réfléchir à leur processus, de se fixer des objectifs d’apprentissage. Les enseignants y jouent un rôle clé en offrant de la rétroaction. Les salles de classe commencent à s’ouvrir, la vraie collaboration prend place et le perfectionnement professionnel est un élément clé des pratiques de chacun. Les enseignants sont le modèle d’apprenant que l’on souhaite que nos élèves deviennent. De plus en plus, on ose risquer, innover dans nos pratiques, ce qui nous a permis d’arriver à une transformation de notre approche pédagogique. Le dernier bloc de l’année En cette fin d’année scolaire, nous sommes fébriles à l’anticipation de la prochaine étape de notre cheminement pédagogique. La programmation Options+ prendra son envol. Cette programmation est l’aboutissement des réflexions entamées, il y a cinq ans. Une programmation faite sur mesure afin de répondre aux besoins de chacun des élèves du groupe. Par la mise en œuvre de cette programmation, plus que jamais, nous sommes en mesure de répondre à notre mission d’école : être PARTENAIRES, UNIQUES, et VIVANTS face à notre approche pédagogique et l’apprentissage de nos élèves. Brasser le Jenga™ Au même moment où nous mettons en place le dernier bloc de l’année, il est aussi temps de nous fixer de nouveaux objectifs, continuer à cheminer, à nous questionner, à améliorer nos pratiques. Ce petit moment de réflexion me permet de prendre un moment de recul, de regarder la tour de Jenga*que nous avons érigée et de réfléchir au processus entrepris pour y arriver. En septembre, nous démarrons la prochaine étape, on brasse le Jenga à nouveau ! De nouveaux blocs à ajouter, une nouvelle tour à bâtir, stabiliser, brasser, rebâtir… Peu importe, nous savons qu’elle sera le reflet de l’inukshuk. Comment allez-vous brasser votre Jenga en septembre ? |
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